Une analyse profonde et drôle publiée dans « Lacan Quotidien » numéro 457 (Vendredi 16 janvier 2015). À noter, les textes de JAM sont aussi publiés sur le blog de Kristell Jeannot.
« En Argentine, la fiente de colombe porte chance. C’est ce que m’apprend mon amie Graciela, qui se dore à la plage : « Acá, si a uno lo caga una paloma, significa buena suerte. » Acceptons-en l’augure. On sait que le président croit à sa bonne étoile. En somme, nous sommes dans la merde, c’est bon signe.
Graciela, qui a lu mes cours, se demande si ce ne serait pas là une « réponse du réel », une manifestation des Dieux. Les Romains, si superstitieux, n’auraient pas manqué de le croire. Et n’oublions pas que Jésus une fois baptisé vit le ciel s’ouvrir, « et l’Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe » (Luc, III, 21). Un caca divin aurait-il dimanche dernier fait office de Sainte Ampoule ? Le boulevard Voltaire de cathédrale de Reims ? Le président de la République serait-il maintenant l’Oint du Seigneur ?
Les affinités du Saint Esprit avec l’objet anal ne sont plus à découvrir. Lacan, non committal, cite l’article d’Ernest Jones sur le fécondation de la Vierge par l’oreille, qui donne ledit Saint Esprit pour l’analogon du pet. Nul blasphème : la thèse est anatomiquement fondée, dès lors que la bouche et le canal anal se répondent comme les deux extrémités du tube digestif. Le souffle spirituel est parent du gaz intestinal, la parole s’apparie à l’excrément.